Intervention et prière pour le Secours Catholique
« Spiritualité et question de SENS ».
Christiane, Petite Sœur de l’Ouvrier.
Étape à Emmaüs
Il y a un temps pour tout, dit la Bible.
C’est vrai, il y a un temps pour agir,
Un temps où l’on prend des risques et où l’on s’expose,
Il y a aussi un temps où nous sommes dans l’obligation de nous arrêter.
Mais il y a aussi un temps où l’on a envie de prendre du recul, de se poser,
de chercher la lumière
Il faut des auberges d’Emmaüs où se vivent et se célèbrent des interrogations.
Des lieux chauds où l’on partage le pain et le vin.
Des lieux où, au feu de la tendresse,
De l’amitié et de l’amour,
On puisse éclore à soi-même et s’épanouir.
Lieux chauds peut-être, mais pourquoi pas ?
Puisque c’est là que se tisse la trame du tissu
Où vont s’inscrire les broderies de la vie et ses accrocs.
Aussi faut-il qu’il soit solide
Et qu’on prenne le temps de le tisser.
Lieux chauds peut-être,
Mais c’est en naissant à soi-même
Qu’on apprend à découvrir l’autre,
L’autre qui va peut-être me surprendre
Et me révéler autre chose de moi,
Ce que je ne savais pas.
Cela ne se fait pas sans mal sans remise en cause,
Sans tension ni conflits.
C’est au feu du regard de l’autre,
Surtout quand il est fraternel,
Qu’on apprend à se situer.
Cela se fait souvent à la fraction du pain.
On devient copains.
Le pain est rompu, la coupe est bue,
L’enchantement est dans le cœur
Et l’enivrement dans une amicale complicité.
Et c’est justement à ce moment-là,
Quand on voudrait que ça dure,
Que ça continue, qu’il faut partir.
C’est un peu ce qui est arrivé à ceux d’Emmaüs.
Au plus fort de leur interrogation, ils se sont arrêtés.
Ils ont parlé, ri, mangé et bu ensemble.
Ça aurait pu durer longtemps,
Ça aurait pu durer toujours.
Mais l’autre avec un grand « A »
Prit du pain et le rompit.
C’est dans cette rupture là
Qu’ils ont peut-être vécu
Le sommet de la rencontre,
Et qu’ils ont appris à se quitter,
À se dessaisir.
Depuis, ils courent toujours,
Même si, de temps en temps,
Ils font étape à Emmaüs,
Lieu chaud,
Où vont se vivre rencontres et séparations.
(Texte d’un auteur inconnu que j’ai personnalisé)
Seigneur, en cette période exceptionnelle et si nouvelle pour nous, ta présence nous est encore plus indispensable que d’habitude. Coupés du contact direct avec toutes celles et ceux qui nous sont chers, mais aussi avec tous celles et ceux vers qui tu nous appelles à nous rendre proche, nous faisons appel à toi.
Seigneur, rends-toi proche, comme tu sais le faire :
De ces jeunes, ces enfants, confinés dans leur appartement, quelque fois dans des situations difficiles. Ces jeunes collégiens, lycéens en difficultés scolaire qui décrochent encore plus parce qu’ils n’ont pas les moyens de garder les liens avec leur professeur. Aide leurs parents, aide nous, à permettre qu’un lien se vive pour leur avenir, qu’ils se sentent aimés, soutenus, apprécié pour ce qu’ils sont.
Seigneur, rends-toi proche, comme tu sais le faire :
A tous ceux et celles qui donnent de leur temps de leur vie pour combattre cette maladie, que ce soit le personnel médical dans les hôpitaux, mais aussi du personnel d’accompagnement des personnes âgées à domicile, tous ceux et celles qui nettoient nos villes, veillent à la sécurité et à l’hygiène…
Aujourd’hui, Seigneur, ils ont besoin de ton soutien pour tenir le coup.
Seigneur, rends-toi proche, comme tu sais le faire :
De toutes les personnes seules, qui tenaient le coup grâce aux associations, aux « auberges » où ils retrouvaient amitié, convivialité, chaleur humaine, et qui sont confinées aujourd’hui. Pour beaucoup, le moral est en berne…
Ouvre-nous, aide nous, à les appeler au téléphone, les écouter, dialoguer, accueillir leurs cris les soutenir, pour continuer le chemin autrement.
Seigneur, rends-toi proche, comme tu sais le faire :
A tous les couples enfermés dans leur appartement avec des jeunes enfants, dans des situations de précarité criante. Donne-leur la force de se supporter, sans crier, de soutenir, de s’apprécier, d’apprendre à s’aimer malgré les difficultés financières criantes.
Seigneur, rends-toi proche, comme tu sais le faire :
A tous les, travailleurs que ce soit le personnel des magasins, de l’entretien des villes, de la sécurité, les hospitaliers, des usines, dans entreprises, ceux qui sont en télétravail à domicile, qui travaillent dans des conditions particulièrement difficiles en ce moment, à tous ceux et celles qui ont peur de perdre leur emploi pour des raisons économiques.
Seigneur, sois avec eux, avec nous, en ces temps difficiles, afin que nous sachions rebondir pour continuer à donner un sens à notre vie.
Seigneur, rends-toi proche, comme tu sais le faire :
De tous ceux et celles qui sont enfermés dans des prisons privés de leur famille, des aumôniers, des visiteurs, des intervenants qui proposent des activités, du travail pour certains, des cours… Ils se sentent encore plus isolés aujourd’hui.
Seigneur, aide-les, pour que la violence, toujours prête à exploser puisse se transformer en bienveillance, en fraternité entre codétenus.
Seigneur, rends toi proche aussi des surveillants, et de tout le personnel, dont le travail déjà difficile en temps ordinaire est rendu encore plus dur par cette situation d’isolement.
Seigneur, rends-toi proche, comme tu sais le faire :
De tous les migrants, qui ne bénéficient pratiquement plus des aides et du soutien des associations, souvent ils sont dans l’isolement total, en plus de leur peur d’être pris en situation de sans papier…, Certains ont commencer cette semaine de ramadan, aide nous à être proche, à être des priants avec eux.
Seigneur, rends-toi proche d’eux pour qu’ils gardent un peu d’espérance, aide nous à les soutenir, à être avec eux des acteurs d’espérance celle que tu as voulu pour tous les hommes.
Seigneur, rends-toi proche, comme tu sais le faire :
De tous les habitants de nos cités, qui vivent dans un espace restreint, pour qu’ils puissent tenir, et que la solidarité entre voisins ne soit pas des paroles, mais bien une réalité concrète où le prendre soin des uns et des autres prend tout son sens.
Seigneur, rends-toi proche, comme tu sais le faire :
De ceux qui vive l’événement dramatique de la perte d’un proche à l’hôpital, en EHPAD… Vois leur souffrance de ne pas pouvoir les voir, leur montrer un signe d’affection, quelque fois ne pas pouvoir assister aux obsèques, prier avec d’autres dans une Église.
Seigneur, rends toi proche, soutien tous ceux et celles qui ont dû quitter ceux qu’ils aiment sans pouvoir donner un regard, un signe d’affection, une parole…
Seigneur, rends-toi proche, comme tu sais le faire :
De tous ceux et celles qui prennent des initiatives, pour encourager, soutenir…
Ceux qui fabriquent à longueur de journées des masques, ceux qui proposent leur service pour des courses, des coups de mains,
Ceux qui font preuve d’inventivité de toutes sortes, comme applaudir chaque soir les soignants, jouer de la musique sur le balcon d’un immeuble, chanter ensemble sans voir le visage de l’autre….
Les artistes qui mettent leurs talents au service de leurs frères pour trouver des financements pour que la recherche d’un vaccin puisse avancer.
Seigneur donne-nous ton Esprit de force, ton Esprit de patience et d’amour, pour que nous mettions toutes nos capacités pour nous battre et avancer ensemble afin de lutter contre ce virus et que nous puissions continuer à vivre autrement toutes ces richesses de fraternité et de solidarité dans notre vie demain.
Seigneur, nous savons que tu es le compagnon de toutes nos routes, nous savons que tu écoutes nos cris, nos espoirs, nous savons que tu prends toujours soin de tes enfants pour les conduire à la vie, alors aide-nous à réveiller notre espérance, à garder les yeux ouverts sur le monde qui nous entoure, que cette contagion devienne grâce à ton Esprit, qui bouge nos vies, une contagion à la fraternité, à l’amour, à la solidarité.
Ma prière a été inspirée par un texte de la Mission ouvrière de Créteil.