Thérèse VAN DE WEGHE Parole de croyante

Famille nombreuse

Je suis née le 21 janvier 1939 à Roubaix.

Seconde d’une fratrie de 7 (4 garçons 3 filles) Parents chrétiens et militants. Nous prions en famille. Bien que déjà nombreux il y avait toujours l’un de nos copains ou copines invité, c’était le partage. 
Je suis allée en école Catholique, ai fait partie des Âmes Vaillantes, des Croisées, des Enfants de Marie.  A 14 ans j’adhère à la JEC. Je cherchai des lieux de prière et de réflexion. 

Vocation par la Jeunesse Ouvrière Chrétienne 

Mes parents ont été jocistes et moi j’ai adhéré à la JOC à 16 ans. Je travaillais dans un atelier de confection. Je me revois, comme si c’était hier, à ma première rencontre à Roubaix je n’osai rien dire, j’écoutai. Paulette est venue me parler, je me suis un peu détendue.
Avec Jacqueline et Josiane copines de mon quartier, travaillant en confection elles aussi, nous avons commencé à nous réunir et on a invité des copines : Marie Agnès, et une autre Thérèse.
Je suis devenue responsable de l’équipe. La JOC me faisait confiance. J’ai pris de l’assurance.

Deux phrases m’ont marquées et me marquent encore aujourd’hui : « Il faut d’abord entrer en amitié pour pouvoir proposer quelque chose », et lors d’une retraite JOC, avec le texte de la Samaritaine (Jn 4,7…) : « C’est important de demander quelque chose à quelqu’un comme l’a fait Jésus et il s’en est suivi un dialogue. »

J’ai  eu la chance de participer, déléguée par les jocistes de mon quartier, au rassemblement mondial de la JOC à Rome en 1957. Nous étions nombreux de différents pays. Cela a été pour moi la découverte de l’Église dans sa dimension mondiale.

Le soir en revenant du travail je m’arrêtai dans une église pour prier avec l’Évangile pendant 20 minutes.

Je peux dire que la confiance que m’a fait La JOC je l’ai faite mienne, c’est-à-dire chercher, à mon tour à faire confiance aux capacités des autres, ensemble développer les talents reçus de Dieu

Pour moi mon appel à 22 ans à la vie religieuse s’est greffé sur mon engagement en JOC. Ma réponse à l’appel de Jésus-Christ je ne le voyais pas autrement que dans cette vie avec les autres. Le choix de la congrégation des Petites Sœurs de l’Ouvrier me permet de le concrétiser. 

Mission ouvrière et engagement syndical

Ce que m’a permis la JOC  j’ai à cœur de permettre à d’autres de le vivre

La certitude de l’Amour de Dieu pour moi et pour chacun, je désire la partager au plus grand nombre. C’est une des raisons pour laquelle j’ai participé activement aux rencontres de la mission ouvrière tant à Rosny qu’à Villejuif ou Sarcelles. J’ai toujours invité le plus possible de personnes, des enfants, des jeunes, des adultes dont des collègues de travail. 

Avec les copains délégués à plusieurs reprises, après des actions importantes, voire des grèves, nous avons repris ce que nous avions vécu et relu l’action avec l’Évangile. Nous étions accompagnés par le prêtre délégué à la mission ouvrière pour le diocèse.

Interpellée, par un cadre de l’entreprise, nous avons mis en place des rencontres de prière pendant la pause déjeuner, une fois par mois. Nous avons été jusqu’à 12 participants. Ce temps de prière était préparé par l’un d’entre nous à tour de rôle.   

Pour plusieurs d’entre eux c’est leur seul lieu où ils peuvent partager tout ce qui fait leur vie, mais aussi entendre la Parole de Dieu et prier. Pour plusieurs c’est aussi leur seul lien avec l’Eglise. L’Eglise qui pour moi est le peuple de Dieu 

Notre Mission au cœur du monde ouvrier

Pour moi qui ai travaillé à la chaîne en confection, je mesure un peu la pénibilité du travail, le bas salaire. Aujourd’hui pour les ouvriers et ouvrières cela est bien pire. 

Souvent j’ai fait le lien avec les hébreux qui fabriquaient des briques, des briques plus, plus !!! Et nous c’était des pantalons…

Le Seigneur a entendu leurs cris, et les a délivrés de l’esclavage. Exode 3,7 et les instructions des chefs de corvées (Exode 5,6)…Aujourd’hui…

C’est toute la dignité de la personne humaine qui est en cause dans ces évènements.

Pour Dieu chaque être est unique et est aimé d’un même Amour. J’en suis convaincue.

« Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait »  (Mt 25,40)

Aujourd’hui je suis sensible à ceux et celles qui ont des mauvaises conditions de travail ici et ailleurs. Oui le Monde Ouvrier existe bien encore. Je me sens impuissante vis-à-vis des personnes qui souffrent. 

C’est, pour moi, une nécessité de les faire connaître et d’agir contre, à ma mesure, avec les pétitions que proposent les associations. C’est peu mais c’est aussi en tapant plusieurs fois sur un clou qu’on l’enfonce, comme je disais aux copains délégués pour que nos demandes aboutissent…Et parfois au bout d’un moment cela change, grâce à un rapport de force. En criant pour ceux qui ne peuvent pas forcément le faire.

Ce qui défigure l’homme par de mauvaises conditions de vie est contraire à ce que Dieu veut pour l’homme. A l’amour qu’il nous donne et qu’il nous invite à donner.

Jésus est venu partager notre vie quotidienne et Il a aussi dénoncé tout ce qui allait contre la vie, le bonheur. 

« Il est venu pour que les hommes aient la vie et l’aient en abondance.» (Jean 10,10)

« Donnez-leur vous-mêmes à manger… » (Mc 6, 34-44).

La spiritualité de la congrégation est celle de Saint Ignace que je traduis dans ma vie par : « Voir Dieu en toutes choses » Cela m’invite au discernement pour faire davantage la volonté de Dieu Chaque jour.

« Si quelqu’un veut me servir, qu’il se mette à ma suite et là ou je suis, là il sera mon serviteur » (Jn 12,26)

Une vie en communauté

En communauté àSARCELLES ville où  nous sommes dans le « monde entier » l’amitié, l’entraide entre des personnes de différents pays, de différentes religions : Juive, Musulmane et Catholique, ce vivre ensemble est un miracle au quotidien. Des partages de foi se vivent. Il y a aussi le vécu des rencontres mensuelles à Sallaumines, des chrétiens et des musulmans. Ces rencontres ma font grandir dans la foi au Dieu de Jésus-Christ qui est venu pour tous les hommes, et qui aime chacun avec ce qu’il est.

Je suis heureuse dans cette vie de Petite Sœur de l’Ouvrier Fille du Cœur Immaculé de Marie. Marie a une grande place dans ma vie. Jésus sur la croix nous l’a donnée comme mère.

Les rencontres en communauté et en congrégation me permettent de partager, relire et prier toute cette vie. Cette mission à laquelle j’ai été appelée, je ne suis pas seule pour la vivre. 

La vie en communauté dans les différents lieux m’ont permis de découvrir la diversité des cultures, des religions et qu’un vivre ensemble, toujours en construction,  pouvait être possible dans le respect de chacun. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (jn 15,12)

Je suis aussi persuadée que cela n’est possible que si nous demeurons en Dieu et que Lui demeure en nous. « Car hors de moi vous ne pouvez rien faire » (jn 15,5) Mais st Paul dit : « Je puis tout en celui qui me fortifie » (Ph 4,13)

Ma vie de prière

Il m’est important de prier chaque jour avec la Parole de Dieu pour recevoir de Lui ma vie pour aujourd’hui et la vivre avec Lui. C’est Lui qui m’envoie chaque jour dans mon quotidien. Je lui rends grâce pour tout ce que je peux y vivre au jour le jour. Je lui confie tous ceux qu’il me donne de rencontrer.

Plus concrètement : Le matin au  réveil je me tourne vers le Seigneur pour lui confier ma journée et l’orienter avec la prière, composée de l’appel reçu en fin de retraite, pour mieux le suivre au cours de l’année.

Je prends une heure, chaque jour, pour me mettre à l’écoute de sa Parole. Le contenu de ce temps de prière est varié suivant ce que je vis. Le plus souvent c’est avec le texte de la parole que propose la liturgie du jour, parfois c’est un psaume que je médite et qui me rejoint dans le moment présent. Quand je ne suis pas en forme c’est un simple cri à l’aide.

Le soir je reprends ma journée en remerciant pour les bons moments vécus et demandant pardon pour les moments dont je suis moins fière et je termine en me remettant en confiance dans son Amour, pour le lendemain.

Une fois par semaine, parfois plus, je prends un temps plus long pour revoir tel événement afin de découvrir l’appel que le Seigneur me fait à travers ce vécu.    

Je présente au Seigneur, dans la prière, toutes ces personnes de bonne volonté, qui veulent agir au mieux de leur conscience pour un monde plus humain.

Je souhaite que les uns et les autres prennent leur place dans les responsabilités, qu’ils acceptent de prendre et grandissent en humanité.

Confiance en Dieu seul

Des problèmes de santé (3 cancers) m’ont bousculée. Je me posai des questions car des personnes connues sont décédées suite à cette maladie. J’ai accepté que cela puisse m’arriver. Ma prière était : Seigneur donne-moi Ta Force, Ta Paix, Ta Joie. Ce n’était qu’avec Lui que je pouvais tenir et vivre au jour le jour. Je crois pouvoir dire que ces événements m’ont donné de ne plus craindre la mort.    

L’Eucharistie et la réconciliation

Il m’est indispensable de vivre l’Eucharistie chaque fois que je le peux. Pour moi c’est vraiment là que le Seigneur est présent et me redonne vie. Il me redonne vie aussi par son pardon vécu dans le sacrement de Réconciliation, j’y retrouve la paix et la force pour vivre le quotidien.

L’Église  

J’ai vécu avec bonheur les orientations du concile Vatican II. J’avais du mal avec les prières de l’Eucharistie en latin !!!

La vie en Eglise est toujours à construire. Des avancées sont encore à faire pour donner plus de  place aux laïcs. 

La découverte d’une Eglise proche n’est pas facile, des préjugés sont tenaces. Je suis parfois peinée par certains comportements qui me semblent être un retour en arrière !!!

Je suis aussi peinée par des réactions racistes entendues autour de moi et je sais que l’accueil de l’autre différent n’est pas facile. 

Je suis heureuse des textes de notre pape François, puissent-ils être lus et compris.

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