La parabole du tisserand

tisserand

Notre vie est comme un tissu qui s’élabore,
Un tissu dont je ne sais pas ce qu’il sera,
Mais qui, autour de nous, peu à peu, se tisse sans modèle ni dessin savant.
Dans ce tissu, je peux être un fil, un trait de couleur…
Bleu profond ? Rouge éclatant ? Ou bien le fil de lin gris.
Cette troisième couleur, au dire des tisserands, est la plus importante
Le gris neutre de tous les jours,
Celui qui fait chanter le bleu profond et le rouge éclatant ;
Celui qui est porteur d’harmonie.

N’avoir que ma propre couleur, et de cela me réjouir,
Pour qu’elle apporte la joie et non la rivalité,
Comme si moi, bleu, j’étais l’ennemi du vert.
Comme si j’étais, moi, ton adversaire !
Et ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas entrer avec nous dans l’ouvrage ?
Irais-je, les précédents, leur faire place,

pour qu’ils viennent librement de leurs propres couleurs se mêler au dessin ?
Il y a une place pour tous.
Et chaque fil vient apporter une continuité :
Non seulement ceux qui sont à l’origine du travail
Ont été tendus d’un support à l’autre, mais chaque fil.
Un fil vient à se rompre : aussitôt le travail s’arrête,
Et les mains patientes de tous les tisserands s’appliquent à le renouer.

Chaque fil, même le plus lumineux, peut disparaître, tissé sous les autres.
Il est cependant là, non loin, même si notre œil ne le perçoit plus…

Maintenant c’est au tour du mien d’être lancé à travers la chaîne.
Quand son trait aura cessé d’être visible,
Alors l’harmonie apparaîtra,
Harmonie de ma nuance mêlée à toutes les autres qui l’accompagnent
Jusqu’à ce qu’elle disparaisse.
Je ne sais ce qu’il adviendra de ce tissu.
Le saurais-je jamais ?

 (Un tisserand finlandais)
Carême 2018 CCFD

 

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